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Diarrhée chronique chez l'adulte et l'enfant

  • Devant une diarrhée chronique, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents

Généralités

Définition

  • En pratique : selles molles ou liquides au moins 3 fois par jour pendant plus de 4 semaines (1 mois = caractère chronique)
  • En théorie : la diarrhée se définit par un débit fécal moyen > 300g/j au fécalogramme pendant > 4 semaines, sous un régime occidental (c'est-à-dire pauvre en résidus)
  • Remarque : si durée < 2 semaines : diarrhée aiguë / entre 2 semaines et 4 semaines : on parle de diarrhée persistante

Physiopathologie

Plusieurs mécanismes le plus souvent intriqués (ex: Crohn: malabsorption + sécrétion)

Physiologie

  • Digestion : phénomène transformant les ingesta en composants absorbables
  • Absorption : processus permettant le transfert vers le milieu intérieur des produits de digestion/ a lieu dans le jéjuno-iléon essentiellement/les 2 sont couplés & synchrones
  • Glucides & protides : hydrophiles, continuent d'être digérés dans les entérocytes
  • Lipides : hydrophobes, passent dans des micelles formées par les acides biliaires

Diarrhée chronique par malabsorption

  • Diarrhée par défaut d’absorption des nutriments qui restent dans l’intestin
  • On distingue 3 mécanismes de malabsorption
  • Pré-entérocytaire : « maldigestion » par défaut de sécrétion biliaire ou pancréas
  • Entérocytaire : altération de la paroi digestive et des entérocytes
  • Post-entérocytaire : transport des nutriments vers lymphatique altéré

Diarrhée chronique de mécanisme hydro-électrolytique, comprend

  • Diarrhée motrice : par accélération anormale du transit intestinal (colique ++)
  • Diarrhée sécrétoire : hypersécrétion sur lésion (entéro-exsudative) ou non
  • Diarrhée osmotique : appel d’eau par une substance hyperosmotique

étiologies

Causes de diarrhée avec malabsorption

Malabsorption pré-entérocytaire (« mal-digestion »)

  • Insuffisance pancréatique exocrine (pancréatite chronique / tumeur / pancréatectomie)
  • Cholestase chronique (insuffisance de sels biliaires), fistule biliaire...
  • Autres : gastrinome, pullulation microbienne

Malabsorption entérocytaire

  • Maladie cœliaque / maladie de Whipple
  • Résection du grêle / syndrome du grêle court, grêle radique
  • Autres : Crohn / déficit immunitaire / parasitose / lymphome du MALT...

Malabsorption post-entérocytaire

Anomalies lymphatiques primitives (maladie de Waldmann) ou secondaires

Avec/sans entéropathie exsudative

Inflammatoire : maladie de Crohn / rectocolite hémorragique

Entérocolite : infectieuse / ischémique / radique

Causes de diarrhée motrice

  • Fonctionnelle (trouble fonctionnel de l'intestin) +++ : syndrome de l’intestin irritable (plus de 80% des cas de diarrhée motrice)
  • Endocrinologiques : hyperthyroïdie / carcinome médullaire de la thyroïde / syndrome carcinoïde
  • Neurologiques : dysautonomie (diabète / amylose) / vagotomie
  • Digestives : gastrectomie / cholécystectomie / résection iléale

Causes de diarrhée sécrétoire

  • Lésionnelle : colite microscopique ++
  • Non lésionnelle
  • Tumeurs endocrines : gastrinome (Zollinger-Ellison) / vipome
  • Médicaments : laxatifs irritants essentiellement

Causes de diarrhée osmotique

  • Iatrogène : prise de laxatifs osmotiques +++
  • Autres : chewing-gum ou soda light / malabsorption des glucides

Orientation diagnostique

EXAMEN CLINIQUE

Interrogatoire

Terrain : antécédents de pancréatite / résection digestive / diabète / maladie inflammatoire chronique de l'intestin / troubles du comportement alimentaire / VIH, immunodépression / atopie / auto-immunité / antécédents obstétricaux (hydramnios), consanguinité

Prises : médicamenteuse (laxatifs ++ / AINS) / toxique (alcool) / alimentation / chez l'enfant : chronologie d'introduction des aliments, allaitement actuel

Anamnèse : ancienneté / évolution / notion de voyage / croissance staturo-pondérale / appétit (conservé, diminué ou augmenté)

Signes fonctionnels

  • Caractériser la diarrhée +++
  • Rechercher des signes associés
  • Signes d'organicité chez l'enfant: cassure pondérale/ selle nocturne (sauf chez le nouveau-né)
  • aspect (grasse/ liquide/ glairo-sanglante) / horaire (post-prandiale)
  • Début (brutal…) / facteurs (lien avec stress, aliments) / abondance
  • Degré d'impériosité (non impérieuse : selle retenue au moins 15 minutes)
  • fréquence/ continue ou intermittente/efficacité des ralentisseurs
  • amaigrissement (quantifier)/ douleurs abdominales/ ballonnement
  • vomissements / signes cardio-pulmonaires, ophtalmologiques
  • Fièvre, sueurs / signes de carences
  • Signes de maladies systémiques / flush / thyroxicose

Examen physique

  • Prise des constantes : pesée / pression artérielle-fréquence cardiaque / température
  • Etat nutritionnel : périmètre brachial (chez le jeune enfant)/ index de masse corporelle / pli cutané/ amyotrophie
  • Examen abdominal : douleur / masse/ toucher rectal et palpation des orifices herniaires / examen proctologique / hépato-splénomégalie / irritation des fesses, fissures anales
  • Examen général : apathie / eczéma, examen des phanères, aphtes / auscultation cardiaque
  • Pour retentissement : signes de déshydratation ++ / syndrome carentiel
  • Pour orientation étiologique :
  • Syndrome de malabsorption : diarrhée caractéristique + syndrome carentiel
  • Hippocratisme digital : possible dans mucoviscidose/ Crohn/ maladie cœliaque
  • Dermatite herpétiforme: souvent associée à une maladie cœliaque/
  • Présence d'érythème noueux, d'aphtes: évoque une maladie de Crohn
  • Urticaire pigmentaire chronique : mastocytose
  • Flush : syndrome carcinoïde / dysautonomie : primitive ou sur diabète
  • Polyadénopathie périphérique: lymphome, VIH, mycobactérie
  • Goitre : hyperthyroïdie, carcinome médullaire de la thyroïde
  • Thyrotoxicose / arthralgies / neuropathie périphérique

EXAMENS COMPLEMENTAIRES

Pour diagnostic positif : AUCUN, il est clinique

Pour évaluation du retentissement (à faire selon l'orientation clinique)

  • Pour une malabsorption : bilan carentiel
  • En cas de malabsorption confirmée
  • Electrophorèse des protéines plasmatiques avec albumine / pré-albumine (carence protéique)
  • NFS : recherche anémie (carence en vitamines B9-B12 / Fer)
  • Ionogramme + magnésium (carence en potassium/magnésium)
  • Bilan phosphocalcique (carence en calcium/phosphore) / urée-créatinine
  • Hémostase : TP-TCA (carence en vitamine K)
  • Ferritinémie : diminuée si carence martiale
  • Vitamine B12, folates sériques
  • Ostéodensitométrie : ostéopénie due à la carence en vitamine D (ostéomalacie)

Pour diagnostic étiologique

Aucun n'est systématique chez l'enfant : selon l'orientation étiologique

Bilan biologique de 1ère intention

  • Glycémie : pour recherche diabète
  • VS-CRP : en faveur d'une maladie inflammatoire chronique de l'intestin
  • Selon orientation clinique
  • TSH : pour hyperthyroïdie / Sérologie VIH si groupe à risque
  • Dosage pondéral des immunoglobulines : carence = soit par déficit congénital ou acquis par une exsudation protéique digestive majeure
  • Examen parasitologique des selles: surtout si notion de voyage / demande spécifique pour Cryptosporidie et microsporidium si patient immunodéprimé
  • Anticorps anti-transglutaminases ou IgA anti-endomysium : pour recherche de maladie cœliaque

Remarque: pas de coprocultures sauf chez l'immunodéprimé: diarrhées bactériennes ont une présentation aiguë

  • En 2e intention
  • Gastrinémie si suspicion de syndrome de Zollinger-Ellison
  • Thyrocalcitonine si suspicion de carcinome médullaire de la thyroïde (diarrhée motrice)
  • VIP si suspicion de VIPome (tumeur rarissime ++)
  • Test de la sueur (recherche de mucoviscidose)
  • Chromogranine A si suspicion de tumeur endocrine (faux négatifs si hypochlorhydrie: prise d'inhibiteurs de la pompe à protons…)
  • 5-HIAA urinaires : si suspicion de tumeur carcinoïde (sécrétion de sérotonine par tumeur ou métastases : flush, diarrhée motrice)
  • Histamine ou tryptase : suspicion de mastocytose systémique

Examens morphologiques

Endoscopie oeso-gastroduodénale et iléo-coloscopie +++

  • En 1ère intention devant toute diarrhée chronique / lors de la même anesthésie générale
  • On réalise des biopsies gastriques, duodénales (D1-D2 pour recherche d'atrophie villositaire), coliques étagées systématiques (même en l'absence de lésion: pour recherche de colite microscopique) + examen anatomopathologique: pose diagnostic de maladie cœliaque, Crohn...

Selon orientation :

  • Vidéo-capsule endoscopique du grêle : image de muqueuse de l'intestin générale
  • Entéro-scanner, cholangio et pancréato-IRM, écho-endoscopie, entéroscopie double ballon (biopsies possibles), échographie (si suspicion d’une pathologie biliaire ou pancréatique)..
  • TDM abdomino-pelvienne : tumeur (pancréas, cancer colorectal, carcinose) / anomalies mésentériques (lymphome, tumeur carcinoïde) / signes de maladie de Crohn..
  • Octréoscan® : si suspicion de tumeur endocrine / détecte la radioactivité de l'octréotide (analogue de la somatostatine) et se fixe sur tumeurs endocrines exprimant les récepteurs à la somatostatine (gastrinome, carcinoïde..)

Examen fonctionnel des selles ("coprologie fonctionnelle")

  • Indications
  • Systématiquement
  • Selon le contexte
  • En 2nde intention si bilan biologique et imagerie non concluants
  • Recueil des selles sur 3 jours successifs / en ambulatoire
  • Poids fécal : diarrhée si supérieur à 300g/jour sous régime occidental
  • Stéatorrhée +++ : après régime alimentaire riche en lipides (100g lipides/jour) / malabsorption définie par au moins 7g de graisses/jour, probable ++ si poids supérieur à 14g/j / maldigestion ou diarrhée motrice si entre 6 et 14 g/j
  • Elastase-1 fécale : évoque insuffisance pancréatique exocrine si abaissée
  • Test au rouge carmin : caractérise une diarrhée motrice si selles colorées en moins de 8 heures
  • Clairance de l’α1-antitrypsine : signe une entéropathie exsudative si augmentée (> 24mL/j)
  • Recherche de laxatifs : suggère une prise cachée de laxatifs
  • Calprotectine fécale : si élevée, oriente vers inflammation (maladie inflammatoire chronique de l'intestin essentiellement ++)
  • Trou osmotique fécal : diarrhée osmotique si trou osmotique augmenté (rechercher lactose, sel de magnésium...)/ normale = 290 - ([natrémie + kaliémie] x2) donc inférieure à 50 mosm/kg

Tests fonctionnels

  • Excrétion respiratoire de l'hydrogène = test respiratoire au glucose
  • Test au D-xylose : si positif, évoque une malabsorption du grêle proximal
  • Test au lactose : si positif, évoque un déficit en lactase
  • Mesure de l'hydrogène expiré après ingestion de 50 grammes de glucose
  • Test positif : évoque une pullulation microbienne (colonisation chronique)

Stratégie diagnostique

  • Diarrhée modérée ancienne d'allure motrice chez un sujet jeune, sans altération de l'état général, sans anomalie biologique, avec une bonne réponse au traitement symptomatique : nature fonctionnelle très probable › ne pas pousser + loin les explorations
  • Diarrhée chronique au retour de voyage : évoquer les parasitoses ++ (avec traitement d'épreuve si besoin) / troubles fonctionnels post-infectieux / sprue tropicale
  • Diarrhée modérée à âge tardif sans antécédents de troubles fonctionnels de l'intestin : éliminer les cancers ++
  • Diarrhée soudaine, selles réparties ± nocturnes, femme de plus de 50 ans avec contexte de maladies auto-immunes & prise d'AINS : colite microscopique ++

DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS

  • Fausse diarrhée du constipé +++
  • Incontinence anale : émission involontaire des selles
  • Syndrome rectal : émission impérieuse ("faux-besoins"), de consistance & poids normaux
  • Constipation, hypersécrétion digestive réactionnelle = émissions liquides
  • « selles » liquides avec scybales (petites selles dures) alternant avec une constipation

Diagnostic étiologique

Diarrhée avec MALABSORPTION

Syndrome de malabsorption

  • Diarrhée : selles généralement abondantes / jaunâtres et grisâtres, graisseuses / aspect de "bouse de vache" ou "bouillon" surnageant après émission
  • Syndromes carentiels
  • Amaigrissement par la carence en macronutriments / asthénie multifactorielle
  • Retard de croissance chez l'enfant et l'adolescent
CarenceCliniqueBiologie
AlbumineŒdèmes des membres inférieurs ± anasarqueElectrophorèse des protéines plasmatiques / albuminémie
Fer B9-B12Syndrome anémiqueanémie microcytaire (carence en fer) ou macrocytaire (carence en B12-B9)
B1-B6Neuropathie carentielle Gayet-Wernicke (B1)Dosage des vitamines B1-B6
Vitamine KSyndrome hémorragiqueTP diminué avec facteur V normal ++ Hypovitaminose K
Potassium / magnésiumCrampesIonogramme : hypokaliémie / hypomagnésémie
Calcium / Vitamine DOstéomalacie: douleurs Crise de tétanie si hypocalcémieIonogramme sanguin et dosage de vitamine D Hypocalcémie / hypocalciurie
Fer / ZincAlopécie / ongles cassantsFerritinémie

  • Confirmation paraclinique
  • Dosage de la stéatorrhée
  • Recueil des selles après surcharge en beurre (60g par jour) pendant 3 jours
  • Stéatorrhée par malabsorption si plus de 14 grammes de graisses/jour (maldigestion si 6-14g/J)

Remarque : test dynamiques (au D-Xylose, de Schilling) obsolètes

Pullulation microbienne

Généralités

  • Présence dans l'intestin grêle d'une population bactérienne résidente quantitativement et qualitativement anormale
  • Peu de bactéries dans l'intestin grêle proximal grâce au péristaltisme intestinal + pH gastrique, aux sécrétions bilio-pancréatiques, à l'immunité locale intestinale...

étiologies

  • Défaut de clairance intestinale : anatomique (diverticule de l'intestin grêle, sténose digestive, montages chirurgicaux...) ou fonctionnelles (pseudo-obstruction intestinale chronique primitive ou secondaire : rare) / troubles moteurs secondaires : sclérodermie, amylose, diabète
  • Baisse des défenses antibactériennes : hypochlorhydrie (gastrite atrophique, gastrectomie totale) / déficit immunitaire (VIH, chimiothérapie, déficit en immunoglobulines)
  • Reflux colo-grêlique: fistule gastro-colique ou grêlo-colique, résection de valvule

Diagnostic

  • Asymptomatique le + fréquemment / s'il est symptomatique : syndrome de malabsorption ± complet
  • Test d'excrétion respiratoire de l'hydrogène / test thérapeutique

Traitement

  • Asymptomatique : pas de traitement
  • Symptomatique : traitement étiologique si possible / antibiothérapie orale (norfloxacine sur 10 jours en 1e intention, Augmentin si échec) / surveillance clinique et biologique

Maladie cœliaque +++

Généralités

  • Maladie auto-immune avec intolérance à la gliadine contenue dans le gluten
  • Donc intolérance aux céréales : blé / orge / seigle / avoine
  • Facteurs de risque : sujet apparenté malade au 1e degré (10% des cas) / dermatite herpétiforme / autres maladies auto-immunes (diabète de type 1, thyroïdite, cirrhose biliaire primitive…)
  • Rappel : histologie duodénale
  • Épidémiologie : touche 0,5-1% de la population / sex-ratio = 3 femmes pour 1 homme / 2 pics de fréquence : 6 mois à 2 ans (au moment de l'introduction alimentaire du gluten) & vers 20 à 40 ans
  • 4 couches + au sein de la muqueuse: villosités + cryptes (qui sont spécifiques au duodénum)
  • Villosités: expansions en doigts de gant du chorion, recouvertes par l'épithélium (entérocytes, cellules calciformes mucosécrétantes, rares cellules endocrines) / épithélium de revêtement : se prolonge dans chorion et constituent les cryptes de Leiberkühn / à l'état normal : présence de lymphocytes (moins de 30 lymphocytes pour 100 cellules épithéliales)
  • La sous-muqueuse contient les glandes de Brunner (qui ont une sécrétion muqueuse alcaline)
  • Génétique : plus de 98% des malades expriment une molécule HLA II type DQ2 ou DQ8 / mais il existe 20-40% de porteurs sains de ces allèles dans la population générale
  • Gluten: α-gliadine (partie "toxique") induit une réaction immunitaire: celle-ci entraîne une hyperplasie de lymphocytes T CD8+, une atrophie villositaire ± des complications lymphomateuses
  • Environnement : rôle protecteur de l'allaitement / délétère d'une introduction précoce de farines alimentaires ± infection par Rotavirus
  • Les anomalies de différenciation + de prolifération résultent au total en une atrophie villositaire

Diagnostic

Clinique

  • Très polymorphe, avec une majorité de patients asymptomatiques
  • Forme classique : diarrhée chronique avec malabsorption (20% des cas)
  • Pauci-symptomatique : troubles digestifs mineurs (tableau proche des troubles fonctionnels de l'intestin) (majorité des cas) / carence en fer / retard pubertaire sans symptômes digestifs

Et la maladie coeliaque est également + fréquemment retrouvée chez patients avec des troubles fonctionnels intestinaux

  • Signes atypiques : ostéoporose, arthralgies, épilepsie, neuropathie carentielle, ataxie, dermatite herpétiforme / hippocratisme digital / hypoplasie de l'émail dentaire / aphtose buccale récidivante / troubles de reproduction (aménorrhée, infertilité, fausses couches spontanées, hypotrophie fœtale)
  • Chez l'enfant : cassure pondérale / apathie, tristesse / dénutrition
  • Diagnostic possible par dépistage chez les groupes à risque : apparentés au 1e degré (10% de risque), patient atteint de diabète de type 1, de syndrome de Turner, d'autres maladies auto-immunes, de trisomie 21

Dosage des anticorps spécifiques

  • IgA anti-transglutaminase + IgA anti-endomysium en 1e intention (Sensibilité de 85-98% et spécificité de 94-98% / dosage des IgA totales pour éliminer un faux négatif par déficit total en IgA (2% de la population), ce déficit étant + fréquent chez les patients atteints de maladie cœliaque)
  • Si déficit en IgA ou en 2nde intention : on dose les IgG anti-endomysium
  • Chez l'enfant : pas de biopsie nécessaire si tableau typique (diarrhée, ballonnement abdominal, perte de poids) + 2 anticorps positifs (à un taux supérieur à 10 fois la normale) avec groupe HLA DQ2 ou DQ8 (ESPGHAN) / dans les autres cas : faire une biopsie ++

Endoscopie oeso-gatro-duodénale avec biopsies duodénales = examen de certitude, indispensable

  • Réaliser 4-6 biopsies duodénales (sur 2e, 3e duodénums : répartition hétérogène des lésions)
  • Aspect endoscopique anormal dans 70% des cas : diminution des plis, aspect en mosaïque ou pseudo-nodulaire
  • 4 signes histologiques ++ : atrophie villositaire totale ou subtotale + hyperplasie compensatrice des cryptes + augmentation des lymphocytes intra-épithéliaux (plus de 30 lymphocytes intra-épithéliaux pour 100 cellules épithéliales) + infiltrat inflammatoire lymphoplasmocytaire du chorion (hyper-cellularité)
  • Marquage des lymphocytes intra-cryptiques : intérêt pour diagnostic différentiel entre maladie cœliaque et sprue réfractaire
  • Autres causes d'atrophie villositaire histologique : giardiase, maladie de Whipple, infection par le VIH, grêle radique

Bilan du retentissement chez l'adulte

  • Ionogramme / calcémie, magnésium / fer
  • Folates / vitamine B12 / TP
  • Bilan hépatique / ostéodensitométrie

Réponse au régime sans gluten = test thérapeutique

  • Amélioration clinique en quelques jours à quelques mois / reprise de la croissance chez l'enfant

Complications

  • Maladie cœliaque réfractaire : échec du régime sans gluten
  • Evolutives : lymphome non hodgkinien T / adénocarcinome du grêle › favorisés par mauvaise observance
  • Ostéopénie : chez 50% des patients au diagnostic / diminue après régime d'éviction
  • Evoquer : défaut d'observance du régime / diagnostic différentiel (rechercher phénotype DQ2 ou DQ8 : s'il est négatif, peut éliminer une maladie cœliaque) / cause associée de diarrhée / complication (type lymphome du grêle..) / jéjuno-iléite ulcéreuse (état pré-lymphomateux)
  • Sprue réfractaire (= lymphome intra-épithélial) : persistance des signes après 6 mois de régime sans gluten / infiltration de muqueuse par lymphocytes T intra-épithéliaux de phénotype anormal (CD3+, CD8- différent d'une maladie cœliaque simple: CD3+, CD8+) › prolifération clonale de lymphocytes T

Traitement

  • Modalités : pluridisciplinaire et global / suivi par nutritionniste +++
  • Régime sans gluten A VIE
  • + supplémentations à envisager : fer / folate-B12 / calcium-vitamine D au début surtout
  • Mesures associées: soutien psychologique / associations de patients / éducation thérapeutique / 100% (± prise en charge des produits sans gluten) / projet d'accueil individualisé
  • Surveillance : amélioration clinique sous 3 mois / négativation des anticorps sous 6-12 mois et de la biopsie sous 12-24 mois (et pas de biopsie nécessaire pour surveillance)
  • Prévention primaire : introduction du gluten entre 4 et 7 mois accompagné de la poursuite de l'allaitement maternel si possible / quantités progressivement augmentés
  • Interdiction de tout aliment avec gluten : blé / orge / seigle
  • Education diététique / liste d'aliments et de médicaments interdits (doliprane..)
  • Céréales ou féculents autorisés : pomme de terre / riz / maïs / avoine

Autres causes de malabsorption

Insuffisance pancréatique exocrine

  • Causes : cancer du pancréas / pancréatite chronique / pancréatectomie
  • Diagnostic : stéatorrhée +++ / élastase-1 fécale effondrée

Cholestase chronique

  • Causes : cholestase intra ou extra-hépatique
  • Diagnostic : carence en vitamines liposolubles (A, D, E, K) + ictère

Maladie de Crohn (de l'intestin grêle)

  • Malabsorption associée à une diarrhée entéro-exsudative
  • Clairance de l'α1-antitrypsine augmentée / confirmation par iléo-coloscopie

Maladie de Whipple

  • Infection bactérienne à Tropheryma whipplei / 8 hommes touchés pour 1 femme, vers environ 50 ans, très rare
  • A évoquer devant polyarthrite d’évolution paroxystique (75% des cas), inflammatoires non destructrices, bilatérales & symétriques / + malabsorption (80% des cas) + fièvre (triade classique, ± incomplète) ± altération de l'état général, adénopathies, hyperpigmentation..
  • Atteinte neurologique : démence, ophtalmoplégie, myoclonies.. (20-40%) / cardiaque (rares ++) / ophtalmologiques (uvéite)
  • Histologie sur endoscopie oeso-gastroduodénale : macrophages spmueux infiltrant le chorion, inclusions PAS positive / parfois atrophie villositaire partielle (différent de la maladie du Crohn où l'atrophie est complète)
  • Diagnostic également possiblement sur PCR sang, muqueuse duodénale, liquide céphalo-rachidien… pour mettre en évidence la bactérie
  • Traitement : antibiothérapie intraveineuse 2 semaines de Bactrim ou [streptomycine + pénicilline G ou ceftriaxone] puis antibiothérapie par doxycycline au long cours ou Bactrim au moins 12 mois / risque de complication psychiatrique par le traitement au long cours

Autres : entérites radiques (même si irradiation ancienne) / diarrhée secondaire à une résection étendue de l'intestin grêle / lymphomes intestinaux / entéropathies médicamenteuses (à l'olmésartan) / ischémie artérielle chronique de l'intestin (tableau : douleurs postprandiales précoces, amaigrissement)...

Diarrhée EXSUDATIVE (= gastro-entéropathie exsudative)

Généralités

Exagération des pertes digestives de protéines plasmatiques par existence de lésions ulcérées muqueuses ou par fuite lymphatique intestinale

Diagnostic positif

  • Examen clinique
  • Examens complémentaires
  • Œdème des membres inférieurs ± anasarque
  • Biologie: si sévère hypoalbuminémie, hypo-gamma-globulinémie, baisse des LDL (hypocholestérolémie), lymphopénie
  • A l'examen fonctionnel des selles : clairance de l’α1-antitrypsine élevée si > 20mL/j
  • Endoscopie : iléo-coloscopie pour le diagnostic étiologique

Étiologies

Obstacle au drainage lymphatique

  • Obstacle sur les vaisseaux lymphatiques : lymphangiectasies intestinales primitives (maladie de Waldmann = forme primaire) / causes secondaires : compression tumorale, lymphome, tuberculose, fibrose rétropéritonéale...
  • Hyperpression veineuse centrale: insuffisance cardiaque droite / thrombose de la veine cave inférieure / péricardite constrictive

Rupture de la barrière épithéliale : avec ou sans ulcération

  • Maladie chronique inflammatoire de l'intestin +++: maladie de Crohn et rectocolite hémorragique
  • Entérocolite infectieuse, radique, tumeur ulcérée…
  • Sans ulcération associée : maladie de Ménétrier / maladie cœliaque / pullulation bactérienne / maladies de système / parasitoses...

Diarrhée MOTRICE

Diagnostic positif

  • Examen clinique
  • Examens complémentaires
  • Selles postprandiales précoces et impérieuses ou au réveil
  • Présence d’aliments non digérés dans les selles (du repas d’avant…)
  • Diarrhée matinale, peu abondante et cédant au jeune / absence de selles nocturnes / pas d'altération de l'état général
  • Test au rouge carmin : pose le diagnostic si selles colorées en moins de 8 heures(examen normal : 1e selle rouge entre 18 et 24 heures après)

Étiologies

Colopathie fonctionnelle +++ (cf item 281)

  • 1e cause de diarrhée motrice (80%) mais diagnostic d’élimination
  • Au moins éliminer une hypertyroïdie / un carcinome médullaire de la thyroïde / une dysautonomie

Hyperthyroïdie

  • Clinique = thyrotoxicose / TSH devant toute diarrhée chronique +++

Cancer médullaire de la thyroïde

  • Hypersécrétion de calcitonine / flush: associe diarrhée + bouffées vasomotrices
  • Palpation de la thyroïde + dosage de la calcitonine / recherche de contexte de néoplasie endocrinienne multiple de type 2 si cancer présent

Tumeurs carcinoïdes

  • Généralités
  • Clinique = syndrome carcinoïde (« de Bjork »)
  • Tumeurs issues de cellules des crêtes neurales/ avec des sécrétions vasoactives (5-HT)
  • De localisations diverses et multiples (iléon, appendice-rectum surtout)
  • Diarrhée chronique motrice
  • Flushs du visage (qui signent de probables métastases hépatiques)
  • Cardio-vasculaire : tachycardie/ palpitation/ hypo ou hypertension artérielle/ insuffisance cardiaque droite
  • Palpation abdominale : masse: en fosse iliaque droite ++ (appendice) / toucher rectal

Neuropathies végétatives (dysautonomie)

  • Périphérique : diabète et amylose (par neuropathie végétative)
  • Centrale : atrophie multi-systématisée (= maladie de Shy-Drager)

Antécédent de vagotomie ou sympathectomie

Traitement

  • Traitement symptomatique = ralentisseurs du transit +++: très bonne efficacité+++
  • Traitement étiologique chaque fois que possible (thyroïdectomie, diabète...)

Diarrhée SECRETOIRE

Diagnostic

  • Examen clinique
  • Diarrhée souvent abondante (> 500 grammes par jour), hydrique

La seule diarrhée qui ne cède pas au jeûne

  • Examens complémentaires
  • Ionogramme sanguin : acidose métabolique / hypokaliémie / insuffisance rénale fonctionnelle

Étiologies

Colite microscopique +++

  • Est une maladie inflammatoire chronique de l'intestin à part entière / de cause inconnue / incidence proche du Crohn et de la rectocolite / typiquement: touche la femme de plus de 50 ans surtout pour la colite collagène avec des antécédents auto-immuns (polyarthrite rhumatoïde, maladie cœliaque, diabète de type 1, vitiligo, maladie de Hashimoto)
  • Souvent facteur iatrogène impliqué: rechercher prise médicamenteuse (veino-tonique, AINS, lansoprazole, ticlopidine...)
  • 2 entités : colite lymphocytaire & colite collagène / critères histologiques :
  • Colite lymphocytaire: augmentation du nombre de lymphocytes intra-épithéliaux à plus de 20%, de phénotype CD8+
  • Colite collagène : épaississement de la bande collagène sous-épithéliale > 10 µm / ne s'étend pas en profondeur, reste confinée sous l'épithélium de surface, et peut englober des capillaires
  • Clinique : diarrhée chronique, sécrétoire, liquidienne, diurne & nocturne, abondante, associée à des impériosités ± amaigrissement + colon normal à l'endoscopie + inflammation histologique / mode d'installation brutal (type gastro-entérite aiguë) ou progressif / parfois hypokaliémie associée
  • Diagnostic par iléo-coloscopie avec biopsie
  • Généralement anomalies pancoliques / mais prédominance au côlon droit (pour la colite collagène surtout), parfois absente au rectum / biopsier systématiquement le côlon droit et sigmoïde si la macroscopie est normale (avec 3-4 biopsies par site)

Aspect macroscopique normal/ biopsies = colite micro lymphocytaire:

  • Lésions histologiques communes: altération des cellules épithéliales de surface / infiltrat inflammatoire du chorion (cellules mononuclées++)
  • Evolution : imprévisible et capricieuse / rémissions spontanées possibles, atténuation au bout de quelques années / pas de prédisposition au cancer colorectal comme les autres maladies inflammatoires chroniques de l'intestin
  • Traitement : arrêt du médicament responsable / traitement symptomatique selon la clinique / budésonide (corticoïde) à libération colique pour diminuer la fréquence des selles

Parasitoses: Giardia, Isospora belli, Cryptosporidium (chez l'immunodéprimé)

Autres: gastrinome, vipomes, mastocytoses, prise de colchicine, biguanides

Etiologies avec lésions intestinales associées: diarrhées exsudatives

  • Maladies inflammatoires chroniques de l'intestin ++ / entérocolite radique, médicamenteuse, infectieuse chez l'immunodéprimé
  • Tumeur villeuse rectale ou sigmoïdienne, cancer colorectal...

Diarrhée OSMOTIQUE

Diagnostic

  • Clinique : diarrhée aqueuse cédant au jeûne et à l'arrêt d'ingestion des agents
  • Paraclinique : au ionogramme fécal « trou osmotique » avec osmolarité fécale supérieure à 125mOsm/kg

Etiologies

  • Diarrhée après ingestion de grandes quantités de lactose (baisse de l'activité lactasique à l'âge adulte) ou de sucre, d'alcools / prise de magnésium
  • Médicaments : laxatifs osmotiques (rare en pratique)
  • Déficit en lactase ou saccharase-isomaltase, les sucres sont non digérés

Autres types de diarrhée

Diarrhée volumogénique

  • Inondation de l'intestin par sécrétions digestives hautes (estomac, pancréas)
  • Etiologie : syndrome de Zollinger-Ellison ++

Diarrhée par malabsorption des sels biliaires

  • Diarrhée en rapport avec l'effet sécrétoire et moteur sur le colon des sels biliaires malabsorbés / malabsorption des graisses nulle ou minime
  • Etiologies : résection iléale anatomique ou fonctionnelle (maladie iléale)

Remarque : causes de diarrhées du diabétique

  • Iatrogène : biguanides = 1e cause
  • Neuropathie végétative / pullulation microbienne
  • Ischémie mésentérique / hyperthyroïdie

Diarrhée selon l'âge

Diarrhées du nouveau-né

  • Maladies congénitales ++ / rechercher un hydramnios, une consanguinité
  • En cas de diarrhée majeure précoce
  • En cas de diarrhée avec intervalle libre
  • Maldigestions
  • Etiologies : atrophie micro-villositaire / dysplasie épithéliale / diarrhée chlorée ou sodée congénitale
  • Risque : déshydrataion aiguë ++ / diagnostic étiologique : ionogramme des selles + biopsie intestinale
  • Etiologies : atrophie villositaire auto-immune / allergie aux protéines de lait de vache
  • Bilan sérologique + biopsie intestinale (pour le diagnostic d'atrophie auto-immune) / patch-test + épreuves d'éviction-réintroduction (pour le diagnostic d'allergie aux protéines de lait de vache)
  • Etiologies : mucoviscidose / intolérances aux sucres / déficit en entérokinase / défaut de réabsorption des sels biliaires
  • Intolérances aux sucres : selon la chronologie d'introduction / selles acides et riches en sucre / diagnostic par test respiratoire à l'hydrogène après sucrage et dosage de l'activité enzymatique par biopsie intestinale

Ne pas évoquer la maladie cœliaque chez le nourrisson (survient + tardivement)

Diarrhées chez le nourrisson et le jeune enfant

Colopathie fonctionnelle (côlon irritable)

  • Cause la + fréquente / diarrhée abondante nauséabonde isolée / survient surtout de 6 mois à 2 ans
  • Croissance normale / pas d'examen paraclinique (si doute : faire une élastase fécale pour éliminer insuffisance pancréatique car c'est aussi une cause de diarrhée à croissance normale)
  • Traitement par équilibration du régime (diminuer les sucres, augmenter les lipides) / surveillance simple

Causes organiques

  • Allergie aux protéines de lait de vache / maladie cœliaque / mucoviscidose (+ intolérance au lactose : cause rarissime)
  • Giardiase : ballonnement abdominal / diagnostic par examen parasitologique des selles + biopsie (examen le + fiable)

Diarrhées chez le grand enfant et l'adolescent

  • Maladies inflammatoires chroniques de l'intestin +++
  • Colopathie fonctionnelle : alternance diarrhée-constipation + douleurs abdominales
  • Intolérance au lactose : survient après 5 ans (et correspond à la forme "physiologique" observée chez l'adulte)
  • Allergie alimentaire : cause exceptionnelle à cet âge

Causes rares de diarrhées pédiatriques

  • Maldigestions : déficit congénital en saccharase-isomaltase ou lactase / anomalie d'absorption active du glucose / déficit en entérokinase / insuffisance pancréatique (syndromes de Shwachman, de Johanson-Blizzard, de Pearson) / insuffisance de sels biliaires
  • Malabsorption : pullulation intestinale (au cours de déficit immunitaire notamment) / abêtalipoprotéinémie / atteinte immunologique ou constitutionnelle de la muqueuse intestinale
  • Hypersécrétion hormonale : VIPome / syndrome carcinoïde / gastrinome / mastocytose / somatostatinome / hyperthyroïdie
  • Entéropathies exsudatives: gastrite hypertrophique/polyposes/ lymphangiectasies intestinales primitives ou secondaires / acrodermatitis enteropathica

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  • Devant une diarrhée chronique, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents

Généralités

Définition

  • En pratique : selles molles ou liquides au moins 3 fois par jour pendant plus de 4 semaines (1 mois = caractère chronique)
  • En théorie : la diarrhée se définit par un débit fécal moyen > 300g/j au fécalogramme pendant > 4 semaines, sous un régime occidental (c'est-à-dire pauvre en résidus)
  • Remarque : si durée < 2 semaines : diarrhée aiguë / entre 2 semaines et 4 semaines : on parle de diarrhée persistante

Physiopathologie

Plusieurs mécanismes le plus souvent intriqués (ex: Crohn: malabsorption + sécrétion)

Physiologie

  • Digestion : phénomène transformant les ingesta en composants absorbables
  • Absorption : processus permettant le transfert vers le milieu intérieur des produits de digestion/ a lieu dans le jéjuno-iléon essentiellement/les 2 sont couplés & synchrones
  • Glucides & protides : hydrophiles, continuent d'être digérés dans les entérocytes
  • Lipides : hydrophobes, passent dans des micelles formées par les acides biliaires

Diarrhée chronique par malabsorption

  • Diarrhée par défaut d’absorption des nutriments qui restent dans l’intestin
  • On distingue 3 mécanismes de malabsorption
  • Pré-entérocytaire : « maldigestion » par défaut de sécrétion biliaire ou pancréas
  • Entérocytaire : altération de la paroi digestive et des entérocytes
  • Post-entérocytaire : transport des nutriments vers lymphatique altéré

Diarrhée chronique de mécanisme hydro-électrolytique, comprend

  • Diarrhée motrice : par accélération anormale du transit intestinal (colique ++)
  • Diarrhée sécrétoire : hypersécrétion sur lésion (entéro-exsudative) ou non
  • Diarrhée osmotique : appel d’eau par une substance hyperosmotique

étiologies

Causes de diarrhée avec malabsorption

Malabsorption pré-entérocytaire (« mal-digestion »)

  • Insuffisance pancréatique exocrine (pancréatite chronique / tumeur / pancréatectomie)
  • Cholestase chronique (insuffisance de sels biliaires), fistule biliaire...
  • Autres : gastrinome, pullulation microbienne

Malabsorption entérocytaire

  • Maladie cœliaque / maladie de Whipple
  • Résection du grêle / syndrome du grêle court, grêle radique
  • Autres : Crohn / déficit immunitaire / parasitose / lymphome du MALT...

Malabsorption post-entérocytaire

Anomalies lymphatiques primitives (maladie de Waldmann) ou secondaires

Avec/sans entéropathie exsudative

Inflammatoire : maladie de Crohn / rectocolite hémorragique

Entérocolite : infectieuse / ischémique / radique

Causes de diarrhée motrice

  • Fonctionnelle (trouble fonctionnel de l'intestin) +++ : syndrome de l’intestin irritable (plus de 80% des cas de diarrhée motrice)
  • Endocrinologiques : hyperthyroïdie / carcinome médullaire de la thyroïde / syndrome carcinoïde
  • Neurologiques : dysautonomie (diabète / amylose) / vagotomie
  • Digestives : gastrectomie / cholécystectomie / résection iléale

Causes de diarrhée sécrétoire

  • Lésionnelle : colite microscopique ++
  • Non lésionnelle
  • Tumeurs endocrines : gastrinome (Zollinger-Ellison) / vipome
  • Médicaments : laxatifs irritants essentiellement

Causes de diarrhée osmotique

  • Iatrogène : prise de laxatifs osmotiques +++
  • Autres : chewing-gum ou soda light / malabsorption des glucides

Orientation diagnostique

EXAMEN CLINIQUE

Interrogatoire

Terrain : antécédents de pancréatite / résection digestive / diabète / maladie inflammatoire chronique de l'intestin / troubles du comportement alimentaire / VIH, immunodépression / atopie / auto-immunité / antécédents obstétricaux (hydramnios), consanguinité

Prises : médicamenteuse (laxatifs ++ / AINS) / toxique (alcool) / alimentation / chez l'enfant : chronologie d'introduction des aliments, allaitement actuel

Anamnèse : ancienneté / évolution / notion de voyage / croissance staturo-pondérale / appétit (conservé, diminué ou augmenté)

Signes fonctionnels

  • Caractériser la diarrhée +++
  • Rechercher des signes associés
  • Signes d'organicité chez l'enfant: cassure pondérale/ selle nocturne (sauf chez le nouveau-né)
  • aspect (grasse/ liquide/ glairo-sanglante) / horaire (post-prandiale)
  • Début (brutal…) / facteurs (lien avec stress, aliments) / abondance
  • Degré d'impériosité (non impérieuse : selle retenue au moins 15 minutes)
  • fréquence/ continue ou intermittente/efficacité des ralentisseurs
  • amaigrissement (quantifier)/ douleurs abdominales/ ballonnement
  • vomissements / signes cardio-pulmonaires, ophtalmologiques
  • Fièvre, sueurs / signes de carences
  • Signes de maladies systémiques / flush / thyroxicose

Examen physique

  • Prise des constantes : pesée / pression artérielle-fréquence cardiaque / température
  • Etat nutritionnel : périmètre brachial (chez le jeune enfant)/ index de masse corporelle / pli cutané/ amyotrophie
  • Examen abdominal : douleur / masse/ toucher rectal et palpation des orifices herniaires / examen proctologique / hépato-splénomégalie / irritation des fesses, fissures anales
  • Examen général : apathie / eczéma, examen des phanères, aphtes / auscultation cardiaque
  • Pour retentissement : signes de déshydratation ++ / syndrome carentiel
  • Pour orientation étiologique :
  • Syndrome de malabsorption : diarrhée caractéristique + syndrome carentiel
  • Hippocratisme digital : possible dans mucoviscidose/ Crohn/ maladie cœliaque
  • Dermatite herpétiforme: souvent associée à une maladie cœliaque/
  • Présence d'érythème noueux, d'aphtes: évoque une maladie de Crohn
  • Urticaire pigmentaire chronique : mastocytose
  • Flush : syndrome carcinoïde / dysautonomie : primitive ou sur diabète
  • Polyadénopathie périphérique: lymphome, VIH, mycobactérie
  • Goitre : hyperthyroïdie, carcinome médullaire de la thyroïde
  • Thyrotoxicose / arthralgies / neuropathie périphérique

EXAMENS COMPLEMENTAIRES

Pour diagnostic positif : AUCUN, il est clinique

Pour évaluation du retentissement (à faire selon l'orientation clinique)

  • Pour une malabsorption : bilan carentiel
  • En cas de malabsorption confirmée
  • Electrophorèse des protéines plasmatiques avec albumine / pré-albumine (carence protéique)
  • NFS : recherche anémie (carence en vitamines B9-B12 / Fer)
  • Ionogramme + magnésium (carence en potassium/magnésium)
  • Bilan phosphocalcique (carence en calcium/phosphore) / urée-créatinine
  • Hémostase : TP-TCA (carence en vitamine K)
  • Ferritinémie : diminuée si carence martiale
  • Vitamine B12, folates sériques
  • Ostéodensitométrie : ostéopénie due à la carence en vitamine D (ostéomalacie)

Pour diagnostic étiologique

Aucun n'est systématique chez l'enfant : selon l'orientation étiologique

Bilan biologique de 1ère intention

  • Glycémie : pour recherche diabète
  • VS-CRP : en faveur d'une maladie inflammatoire chronique de l'intestin
  • Selon orientation clinique
  • TSH : pour hyperthyroïdie / Sérologie VIH si groupe à risque
  • Dosage pondéral des immunoglobulines : carence = soit par déficit congénital ou acquis par une exsudation protéique digestive majeure
  • Examen parasitologique des selles: surtout si notion de voyage / demande spécifique pour Cryptosporidie et microsporidium si patient immunodéprimé
  • Anticorps anti-transglutaminases ou IgA anti-endomysium : pour recherche de maladie cœliaque

Remarque: pas de coprocultures sauf chez l'immunodéprimé: diarrhées bactériennes ont une présentation aiguë

  • En 2e intention
  • Gastrinémie si suspicion de syndrome de Zollinger-Ellison
  • Thyrocalcitonine si suspicion de carcinome médullaire de la thyroïde (diarrhée motrice)
  • VIP si suspicion de VIPome (tumeur rarissime ++)
  • Test de la sueur (recherche de mucoviscidose)
  • Chromogranine A si suspicion de tumeur endocrine (faux négatifs si hypochlorhydrie: prise d'inhibiteurs de la pompe à protons…)
  • 5-HIAA urinaires : si suspicion de tumeur carcinoïde (sécrétion de sérotonine par tumeur ou métastases : flush, diarrhée motrice)
  • Histamine ou tryptase : suspicion de mastocytose systémique

Examens morphologiques

Endoscopie oeso-gastroduodénale et iléo-coloscopie +++

  • En 1ère intention devant toute diarrhée chronique / lors de la même anesthésie générale
  • On réalise des biopsies gastriques, duodénales (D1-D2 pour recherche d'atrophie villositaire), coliques étagées systématiques (même en l'absence de lésion: pour recherche de colite microscopique) + examen anatomopathologique: pose diagnostic de maladie cœliaque, Crohn...

Selon orientation :

  • Vidéo-capsule endoscopique du grêle : image de muqueuse de l'intestin générale
  • Entéro-scanner, cholangio et pancréato-IRM, écho-endoscopie, entéroscopie double ballon (biopsies possibles), échographie (si suspicion d’une pathologie biliaire ou pancréatique)..
  • TDM abdomino-pelvienne : tumeur (pancréas, cancer colorectal, carcinose) / anomalies mésentériques (lymphome, tumeur carcinoïde) / signes de maladie de Crohn..
  • Octréoscan® : si suspicion de tumeur endocrine / détecte la radioactivité de l'octréotide (analogue de la somatostatine) et se fixe sur tumeurs endocrines exprimant les récepteurs à la somatostatine (gastrinome, carcinoïde..)

Examen fonctionnel des selles ("coprologie fonctionnelle")

  • Indications
  • Systématiquement
  • Selon le contexte
  • En 2nde intention si bilan biologique et imagerie non concluants
  • Recueil des selles sur 3 jours successifs / en ambulatoire
  • Poids fécal : diarrhée si supérieur à 300g/jour sous régime occidental
  • Stéatorrhée +++ : après régime alimentaire riche en lipides (100g lipides/jour) / malabsorption définie par au moins 7g de graisses/jour, probable ++ si poids supérieur à 14g/j / maldigestion ou diarrhée motrice si entre 6 et 14 g/j
  • Elastase-1 fécale : évoque insuffisance pancréatique exocrine si abaissée
  • Test au rouge carmin : caractérise une diarrhée motrice si selles colorées en moins de 8 heures
  • Clairance de l’α1-antitrypsine : signe une entéropathie exsudative si augmentée (> 24mL/j)
  • Recherche de laxatifs : suggère une prise cachée de laxatifs
  • Calprotectine fécale : si élevée, oriente vers inflammation (maladie inflammatoire chronique de l'intestin essentiellement ++)
  • Trou osmotique fécal : diarrhée osmotique si trou osmotique augmenté (rechercher lactose, sel de magnésium...)/ normale = 290 - ([natrémie + kaliémie] x2) donc inférieure à 50 mosm/kg

Tests fonctionnels

  • Excrétion respiratoire de l'hydrogène = test respiratoire au glucose
  • Test au D-xylose : si positif, évoque une malabsorption du grêle proximal
  • Test au lactose : si positif, évoque un déficit en lactase
  • Mesure de l'hydrogène expiré après ingestion de 50 grammes de glucose
  • Test positif : évoque une pullulation microbienne (colonisation chronique)

Stratégie diagnostique

  • Diarrhée modérée ancienne d'allure motrice chez un sujet jeune, sans altération de l'état général, sans anomalie biologique, avec une bonne réponse au traitement symptomatique : nature fonctionnelle très probable › ne pas pousser + loin les explorations
  • Diarrhée chronique au retour de voyage : évoquer les parasitoses ++ (avec traitement d'épreuve si besoin) / troubles fonctionnels post-infectieux / sprue tropicale
  • Diarrhée modérée à âge tardif sans antécédents de troubles fonctionnels de l'intestin : éliminer les cancers ++
  • Diarrhée soudaine, selles réparties ± nocturnes, femme de plus de 50 ans avec contexte de maladies auto-immunes & prise d'AINS : colite microscopique ++

DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS

  • Fausse diarrhée du constipé +++
  • Incontinence anale : émission involontaire des selles
  • Syndrome rectal : émission impérieuse ("faux-besoins"), de consistance & poids normaux
  • Constipation, hypersécrétion digestive réactionnelle = émissions liquides
  • « selles » liquides avec scybales (petites selles dures) alternant avec une constipation

Diagnostic étiologique

Diarrhée avec MALABSORPTION

Syndrome de malabsorption

  • Diarrhée : selles généralement abondantes / jaunâtres et grisâtres, graisseuses / aspect de "bouse de vache" ou "bouillon" surnageant après émission
  • Syndromes carentiels
  • Amaigrissement par la carence en macronutriments / asthénie multifactorielle
  • Retard de croissance chez l'enfant et l'adolescent
CarenceCliniqueBiologie
AlbumineŒdèmes des membres inférieurs ± anasarqueElectrophorèse des protéines plasmatiques / albuminémie
Fer B9-B12Syndrome anémiqueanémie microcytaire (carence en fer) ou macrocytaire (carence en B12-B9)
B1-B6Neuropathie carentielle Gayet-Wernicke (B1)Dosage des vitamines B1-B6
Vitamine KSyndrome hémorragiqueTP diminué avec facteur V normal ++ Hypovitaminose K
Potassium / magnésiumCrampesIonogramme : hypokaliémie / hypomagnésémie
Calcium / Vitamine DOstéomalacie: douleurs Crise de tétanie si hypocalcémieIonogramme sanguin et dosage de vitamine D Hypocalcémie / hypocalciurie
Fer / ZincAlopécie / ongles cassantsFerritinémie

  • Confirmation paraclinique
  • Dosage de la stéatorrhée
  • Recueil des selles après surcharge en beurre (60g par jour) pendant 3 jours
  • Stéatorrhée par malabsorption si plus de 14 grammes de graisses/jour (maldigestion si 6-14g/J)

Remarque : test dynamiques (au D-Xylose, de Schilling) obsolètes

Pullulation microbienne

Généralités

  • Présence dans l'intestin grêle d'une population bactérienne résidente quantitativement et qualitativement anormale
  • Peu de bactéries dans l'intestin grêle proximal grâce au péristaltisme intestinal + pH gastrique, aux sécrétions bilio-pancréatiques, à l'immunité locale intestinale...

étiologies

  • Défaut de clairance intestinale : anatomique (diverticule de l'intestin grêle, sténose digestive, montages chirurgicaux...) ou fonctionnelles (pseudo-obstruction intestinale chronique primitive ou secondaire : rare) / troubles moteurs secondaires : sclérodermie, amylose, diabète
  • Baisse des défenses antibactériennes : hypochlorhydrie (gastrite atrophique, gastrectomie totale) / déficit immunitaire (VIH, chimiothérapie, déficit en immunoglobulines)
  • Reflux colo-grêlique: fistule gastro-colique ou grêlo-colique, résection de valvule

Diagnostic

  • Asymptomatique le + fréquemment / s'il est symptomatique : syndrome de malabsorption ± complet
  • Test d'excrétion respiratoire de l'hydrogène / test thérapeutique

Traitement

  • Asymptomatique : pas de traitement
  • Symptomatique : traitement étiologique si possible / antibiothérapie orale (norfloxacine sur 10 jours en 1e intention, Augmentin si échec) / surveillance clinique et biologique

Maladie cœliaque +++

Généralités

  • Maladie auto-immune avec intolérance à la gliadine contenue dans le gluten
  • Donc intolérance aux céréales : blé / orge / seigle / avoine
  • Facteurs de risque : sujet apparenté malade au 1e degré (10% des cas) / dermatite herpétiforme / autres maladies auto-immunes (diabète de type 1, thyroïdite, cirrhose biliaire primitive…)
  • Rappel : histologie duodénale
  • Épidémiologie : touche 0,5-1% de la population / sex-ratio = 3 femmes pour 1 homme / 2 pics de fréquence : 6 mois à 2 ans (au moment de l'introduction alimentaire du gluten) & vers 20 à 40 ans
  • 4 couches + au sein de la muqueuse: villosités + cryptes (qui sont spécifiques au duodénum)
  • Villosités: expansions en doigts de gant du chorion, recouvertes par l'épithélium (entérocytes, cellules calciformes mucosécrétantes, rares cellules endocrines) / épithélium de revêtement : se prolonge dans chorion et constituent les cryptes de Leiberkühn / à l'état normal : présence de lymphocytes (moins de 30 lymphocytes pour 100 cellules épithéliales)
  • La sous-muqueuse contient les glandes de Brunner (qui ont une sécrétion muqueuse alcaline)
  • Génétique : plus de 98% des malades expriment une molécule HLA II type DQ2 ou DQ8 / mais il existe 20-40% de porteurs sains de ces allèles dans la population générale
  • Gluten: α-gliadine (partie "toxique") induit une réaction immunitaire: celle-ci entraîne une hyperplasie de lymphocytes T CD8+, une atrophie villositaire ± des complications lymphomateuses
  • Environnement : rôle protecteur de l'allaitement / délétère d'une introduction précoce de farines alimentaires ± infection par Rotavirus
  • Les anomalies de différenciation + de prolifération résultent au total en une atrophie villositaire

Diagnostic

Clinique

  • Très polymorphe, avec une majorité de patients asymptomatiques
  • Forme classique : diarrhée chronique avec malabsorption (20% des cas)
  • Pauci-symptomatique : troubles digestifs mineurs (tableau proche des troubles fonctionnels de l'intestin) (majorité des cas) / carence en fer / retard pubertaire sans symptômes digestifs

Et la maladie coeliaque est également + fréquemment retrouvée chez patients avec des troubles fonctionnels intestinaux

  • Signes atypiques : ostéoporose, arthralgies, épilepsie, neuropathie carentielle, ataxie, dermatite herpétiforme / hippocratisme digital / hypoplasie de l'émail dentaire / aphtose buccale récidivante / troubles de reproduction (aménorrhée, infertilité, fausses couches spontanées, hypotrophie fœtale)
  • Chez l'enfant : cassure pondérale / apathie, tristesse / dénutrition
  • Diagnostic possible par dépistage chez les groupes à risque : apparentés au 1e degré (10% de risque), patient atteint de diabète de type 1, de syndrome de Turner, d'autres maladies auto-immunes, de trisomie 21

Dosage des anticorps spécifiques

  • IgA anti-transglutaminase + IgA anti-endomysium en 1e intention (Sensibilité de 85-98% et spécificité de 94-98% / dosage des IgA totales pour éliminer un faux négatif par déficit total en IgA (2% de la population), ce déficit étant + fréquent chez les patients atteints de maladie cœliaque)
  • Si déficit en IgA ou en 2nde intention : on dose les IgG anti-endomysium
  • Chez l'enfant : pas de biopsie nécessaire si tableau typique (diarrhée, ballonnement abdominal, perte de poids) + 2 anticorps positifs (à un taux supérieur à 10 fois la normale) avec groupe HLA DQ2 ou DQ8 (ESPGHAN) / dans les autres cas : faire une biopsie ++

Endoscopie oeso-gatro-duodénale avec biopsies duodénales = examen de certitude, indispensable

  • Réaliser 4-6 biopsies duodénales (sur 2e, 3e duodénums : répartition hétérogène des lésions)
  • Aspect endoscopique anormal dans 70% des cas : diminution des plis, aspect en mosaïque ou pseudo-nodulaire
  • 4 signes histologiques ++ : atrophie villositaire totale ou subtotale + hyperplasie compensatrice des cryptes + augmentation des lymphocytes intra-épithéliaux (plus de 30 lymphocytes intra-épithéliaux pour 100 cellules épithéliales) + infiltrat inflammatoire lymphoplasmocytaire du chorion (hyper-cellularité)
  • Marquage des lymphocytes intra-cryptiques : intérêt pour diagnostic différentiel entre maladie cœliaque et sprue réfractaire
  • Autres causes d'atrophie villositaire histologique : giardiase, maladie de Whipple, infection par le VIH, grêle radique

Bilan du retentissement chez l'adulte

  • Ionogramme / calcémie, magnésium / fer
  • Folates / vitamine B12 / TP
  • Bilan hépatique / ostéodensitométrie

Réponse au régime sans gluten = test thérapeutique

  • Amélioration clinique en quelques jours à quelques mois / reprise de la croissance chez l'enfant

Complications

  • Maladie cœliaque réfractaire : échec du régime sans gluten
  • Evolutives : lymphome non hodgkinien T / adénocarcinome du grêle › favorisés par mauvaise observance
  • Ostéopénie : chez 50% des patients au diagnostic / diminue après régime d'éviction
  • Evoquer : défaut d'observance du régime / diagnostic différentiel (rechercher phénotype DQ2 ou DQ8 : s'il est négatif, peut éliminer une maladie cœliaque) / cause associée de diarrhée / complication (type lymphome du grêle..) / jéjuno-iléite ulcéreuse (état pré-lymphomateux)
  • Sprue réfractaire (= lymphome intra-épithélial) : persistance des signes après 6 mois de régime sans gluten / infiltration de muqueuse par lymphocytes T intra-épithéliaux de phénotype anormal (CD3+, CD8- différent d'une maladie cœliaque simple: CD3+, CD8+) › prolifération clonale de lymphocytes T

Traitement

  • Modalités : pluridisciplinaire et global / suivi par nutritionniste +++
  • Régime sans gluten A VIE
  • + supplémentations à envisager : fer / folate-B12 / calcium-vitamine D au début surtout
  • Mesures associées: soutien psychologique / associations de patients / éducation thérapeutique / 100% (± prise en charge des produits sans gluten) / projet d'accueil individualisé
  • Surveillance : amélioration clinique sous 3 mois / négativation des anticorps sous 6-12 mois et de la biopsie sous 12-24 mois (et pas de biopsie nécessaire pour surveillance)
  • Prévention primaire : introduction du gluten entre 4 et 7 mois accompagné de la poursuite de l'allaitement maternel si possible / quantités progressivement augmentés
  • Interdiction de tout aliment avec gluten : blé / orge / seigle
  • Education diététique / liste d'aliments et de médicaments interdits (doliprane..)
  • Céréales ou féculents autorisés : pomme de terre / riz / maïs / avoine

Autres causes de malabsorption

Insuffisance pancréatique exocrine

  • Causes : cancer du pancréas / pancréatite chronique / pancréatectomie
  • Diagnostic : stéatorrhée +++ / élastase-1 fécale effondrée

Cholestase chronique

  • Causes : cholestase intra ou extra-hépatique
  • Diagnostic : carence en vitamines liposolubles (A, D, E, K) + ictère

Maladie de Crohn (de l'intestin grêle)

  • Malabsorption associée à une diarrhée entéro-exsudative
  • Clairance de l'α1-antitrypsine augmentée / confirmation par iléo-coloscopie

Maladie de Whipple

  • Infection bactérienne à Tropheryma whipplei / 8 hommes touchés pour 1 femme, vers environ 50 ans, très rare
  • A évoquer devant polyarthrite d’évolution paroxystique (75% des cas), inflammatoires non destructrices, bilatérales & symétriques / + malabsorption (80% des cas) + fièvre (triade classique, ± incomplète) ± altération de l'état général, adénopathies, hyperpigmentation..
  • Atteinte neurologique : démence, ophtalmoplégie, myoclonies.. (20-40%) / cardiaque (rares ++) / ophtalmologiques (uvéite)
  • Histologie sur endoscopie oeso-gastroduodénale : macrophages spmueux infiltrant le chorion, inclusions PAS positive / parfois atrophie villositaire partielle (différent de la maladie du Crohn où l'atrophie est complète)
  • Diagnostic également possiblement sur PCR sang, muqueuse duodénale, liquide céphalo-rachidien… pour mettre en évidence la bactérie
  • Traitement : antibiothérapie intraveineuse 2 semaines de Bactrim ou [streptomycine + pénicilline G ou ceftriaxone] puis antibiothérapie par doxycycline au long cours ou Bactrim au moins 12 mois / risque de complication psychiatrique par le traitement au long cours

Autres : entérites radiques (même si irradiation ancienne) / diarrhée secondaire à une résection étendue de l'intestin grêle / lymphomes intestinaux / entéropathies médicamenteuses (à l'olmésartan) / ischémie artérielle chronique de l'intestin (tableau : douleurs postprandiales précoces, amaigrissement)...

Diarrhée EXSUDATIVE (= gastro-entéropathie exsudative)

Généralités

Exagération des pertes digestives de protéines plasmatiques par existence de lésions ulcérées muqueuses ou par fuite lymphatique intestinale

Diagnostic positif

  • Examen clinique
  • Examens complémentaires
  • Œdème des membres inférieurs ± anasarque
  • Biologie: si sévère hypoalbuminémie, hypo-gamma-globulinémie, baisse des LDL (hypocholestérolémie), lymphopénie
  • A l'examen fonctionnel des selles : clairance de l’α1-antitrypsine élevée si > 20mL/j
  • Endoscopie : iléo-coloscopie pour le diagnostic étiologique

Étiologies

Obstacle au drainage lymphatique

  • Obstacle sur les vaisseaux lymphatiques : lymphangiectasies intestinales primitives (maladie de Waldmann = forme primaire) / causes secondaires : compression tumorale, lymphome, tuberculose, fibrose rétropéritonéale...
  • Hyperpression veineuse centrale: insuffisance cardiaque droite / thrombose de la veine cave inférieure / péricardite constrictive

Rupture de la barrière épithéliale : avec ou sans ulcération

  • Maladie chronique inflammatoire de l'intestin +++: maladie de Crohn et rectocolite hémorragique
  • Entérocolite infectieuse, radique, tumeur ulcérée…
  • Sans ulcération associée : maladie de Ménétrier / maladie cœliaque / pullulation bactérienne / maladies de système / parasitoses...

Diarrhée MOTRICE

Diagnostic positif

  • Examen clinique
  • Examens complémentaires
  • Selles postprandiales précoces et impérieuses ou au réveil
  • Présence d’aliments non digérés dans les selles (du repas d’avant…)
  • Diarrhée matinale, peu abondante et cédant au jeune / absence de selles nocturnes / pas d'altération de l'état général
  • Test au rouge carmin : pose le diagnostic si selles colorées en moins de 8 heures(examen normal : 1e selle rouge entre 18 et 24 heures après)

Étiologies

Colopathie fonctionnelle +++ (cf item 281)

  • 1e cause de diarrhée motrice (80%) mais diagnostic d’élimination
  • Au moins éliminer une hypertyroïdie / un carcinome médullaire de la thyroïde / une dysautonomie

Hyperthyroïdie

  • Clinique = thyrotoxicose / TSH devant toute diarrhée chronique +++

Cancer médullaire de la thyroïde

  • Hypersécrétion de calcitonine / flush: associe diarrhée + bouffées vasomotrices
  • Palpation de la thyroïde + dosage de la calcitonine / recherche de contexte de néoplasie endocrinienne multiple de type 2 si cancer présent

Tumeurs carcinoïdes

  • Généralités
  • Clinique = syndrome carcinoïde (« de Bjork »)
  • Tumeurs issues de cellules des crêtes neurales/ avec des sécrétions vasoactives (5-HT)
  • De localisations diverses et multiples (iléon, appendice-rectum surtout)
  • Diarrhée chronique motrice
  • Flushs du visage (qui signent de probables métastases hépatiques)
  • Cardio-vasculaire : tachycardie/ palpitation/ hypo ou hypertension artérielle/ insuffisance cardiaque droite
  • Palpation abdominale : masse: en fosse iliaque droite ++ (appendice) / toucher rectal

Neuropathies végétatives (dysautonomie)

  • Périphérique : diabète et amylose (par neuropathie végétative)
  • Centrale : atrophie multi-systématisée (= maladie de Shy-Drager)

Antécédent de vagotomie ou sympathectomie

Traitement

  • Traitement symptomatique = ralentisseurs du transit +++: très bonne efficacité+++
  • Traitement étiologique chaque fois que possible (thyroïdectomie, diabète...)

Diarrhée SECRETOIRE

Diagnostic

  • Examen clinique
  • Diarrhée souvent abondante (> 500 grammes par jour), hydrique

La seule diarrhée qui ne cède pas au jeûne

  • Examens complémentaires
  • Ionogramme sanguin : acidose métabolique / hypokaliémie / insuffisance rénale fonctionnelle

Étiologies

Colite microscopique +++

  • Est une maladie inflammatoire chronique de l'intestin à part entière / de cause inconnue / incidence proche du Crohn et de la rectocolite / typiquement: touche la femme de plus de 50 ans surtout pour la colite collagène avec des antécédents auto-immuns (polyarthrite rhumatoïde, maladie cœliaque, diabète de type 1, vitiligo, maladie de Hashimoto)
  • Souvent facteur iatrogène impliqué: rechercher prise médicamenteuse (veino-tonique, AINS, lansoprazole, ticlopidine...)
  • 2 entités : colite lymphocytaire & colite collagène / critères histologiques :
  • Colite lymphocytaire: augmentation du nombre de lymphocytes intra-épithéliaux à plus de 20%, de phénotype CD8+
  • Colite collagène : épaississement de la bande collagène sous-épithéliale > 10 µm / ne s'étend pas en profondeur, reste confinée sous l'épithélium de surface, et peut englober des capillaires
  • Clinique : diarrhée chronique, sécrétoire, liquidienne, diurne & nocturne, abondante, associée à des impériosités ± amaigrissement + colon normal à l'endoscopie + inflammation histologique / mode d'installation brutal (type gastro-entérite aiguë) ou progressif / parfois hypokaliémie associée
  • Diagnostic par iléo-coloscopie avec biopsie
  • Généralement anomalies pancoliques / mais prédominance au côlon droit (pour la colite collagène surtout), parfois absente au rectum / biopsier systématiquement le côlon droit et sigmoïde si la macroscopie est normale (avec 3-4 biopsies par site)

Aspect macroscopique normal/ biopsies = colite micro lymphocytaire:

  • Lésions histologiques communes: altération des cellules épithéliales de surface / infiltrat inflammatoire du chorion (cellules mononuclées++)
  • Evolution : imprévisible et capricieuse / rémissions spontanées possibles, atténuation au bout de quelques années / pas de prédisposition au cancer colorectal comme les autres maladies inflammatoires chroniques de l'intestin
  • Traitement : arrêt du médicament responsable / traitement symptomatique selon la clinique / budésonide (corticoïde) à libération colique pour diminuer la fréquence des selles

Parasitoses: Giardia, Isospora belli, Cryptosporidium (chez l'immunodéprimé)

Autres: gastrinome, vipomes, mastocytoses, prise de colchicine, biguanides

Etiologies avec lésions intestinales associées: diarrhées exsudatives

  • Maladies inflammatoires chroniques de l'intestin ++ / entérocolite radique, médicamenteuse, infectieuse chez l'immunodéprimé
  • Tumeur villeuse rectale ou sigmoïdienne, cancer colorectal...

Diarrhée OSMOTIQUE

Diagnostic

  • Clinique : diarrhée aqueuse cédant au jeûne et à l'arrêt d'ingestion des agents
  • Paraclinique : au ionogramme fécal « trou osmotique » avec osmolarité fécale supérieure à 125mOsm/kg

Etiologies

  • Diarrhée après ingestion de grandes quantités de lactose (baisse de l'activité lactasique à l'âge adulte) ou de sucre, d'alcools / prise de magnésium
  • Médicaments : laxatifs osmotiques (rare en pratique)
  • Déficit en lactase ou saccharase-isomaltase, les sucres sont non digérés

Autres types de diarrhée

Diarrhée volumogénique

  • Inondation de l'intestin par sécrétions digestives hautes (estomac, pancréas)
  • Etiologie : syndrome de Zollinger-Ellison ++

Diarrhée par malabsorption des sels biliaires

  • Diarrhée en rapport avec l'effet sécrétoire et moteur sur le colon des sels biliaires malabsorbés / malabsorption des graisses nulle ou minime
  • Etiologies : résection iléale anatomique ou fonctionnelle (maladie iléale)

Remarque : causes de diarrhées du diabétique

  • Iatrogène : biguanides = 1e cause
  • Neuropathie végétative / pullulation microbienne
  • Ischémie mésentérique / hyperthyroïdie

Diarrhée selon l'âge

Diarrhées du nouveau-né

  • Maladies congénitales ++ / rechercher un hydramnios, une consanguinité
  • En cas de diarrhée majeure précoce
  • En cas de diarrhée avec intervalle libre
  • Maldigestions
  • Etiologies : atrophie micro-villositaire / dysplasie épithéliale / diarrhée chlorée ou sodée congénitale
  • Risque : déshydrataion aiguë ++ / diagnostic étiologique : ionogramme des selles + biopsie intestinale
  • Etiologies : atrophie villositaire auto-immune / allergie aux protéines de lait de vache
  • Bilan sérologique + biopsie intestinale (pour le diagnostic d'atrophie auto-immune) / patch-test + épreuves d'éviction-réintroduction (pour le diagnostic d'allergie aux protéines de lait de vache)
  • Etiologies : mucoviscidose / intolérances aux sucres / déficit en entérokinase / défaut de réabsorption des sels biliaires
  • Intolérances aux sucres : selon la chronologie d'introduction / selles acides et riches en sucre / diagnostic par test respiratoire à l'hydrogène après sucrage et dosage de l'activité enzymatique par biopsie intestinale

Ne pas évoquer la maladie cœliaque chez le nourrisson (survient + tardivement)

Diarrhées chez le nourrisson et le jeune enfant

Colopathie fonctionnelle (côlon irritable)

  • Cause la + fréquente / diarrhée abondante nauséabonde isolée / survient surtout de 6 mois à 2 ans
  • Croissance normale / pas d'examen paraclinique (si doute : faire une élastase fécale pour éliminer insuffisance pancréatique car c'est aussi une cause de diarrhée à croissance normale)
  • Traitement par équilibration du régime (diminuer les sucres, augmenter les lipides) / surveillance simple

Causes organiques

  • Allergie aux protéines de lait de vache / maladie cœliaque / mucoviscidose (+ intolérance au lactose : cause rarissime)
  • Giardiase : ballonnement abdominal / diagnostic par examen parasitologique des selles + biopsie (examen le + fiable)

Diarrhées chez le grand enfant et l'adolescent

  • Maladies inflammatoires chroniques de l'intestin +++
  • Colopathie fonctionnelle : alternance diarrhée-constipation + douleurs abdominales
  • Intolérance au lactose : survient après 5 ans (et correspond à la forme "physiologique" observée chez l'adulte)
  • Allergie alimentaire : cause exceptionnelle à cet âge

Causes rares de diarrhées pédiatriques

  • Maldigestions : déficit congénital en saccharase-isomaltase ou lactase / anomalie d'absorption active du glucose / déficit en entérokinase / insuffisance pancréatique (syndromes de Shwachman, de Johanson-Blizzard, de Pearson) / insuffisance de sels biliaires
  • Malabsorption : pullulation intestinale (au cours de déficit immunitaire notamment) / abêtalipoprotéinémie / atteinte immunologique ou constitutionnelle de la muqueuse intestinale
  • Hypersécrétion hormonale : VIPome / syndrome carcinoïde / gastrinome / mastocytose / somatostatinome / hyperthyroïdie
  • Entéropathies exsudatives: gastrite hypertrophique/polyposes/ lymphangiectasies intestinales primitives ou secondaires / acrodermatitis enteropathica