- Endoc-nutrition
- UE 8
- Item 244
Important
Gynécomastie
– Diagnostiquer une gynécomastie
Généralités
Définition
- C'est une hyperplasie du tissu glandulaire mammaire, fréquente, uni ou bilatérale
- Traduit un déséquilibre de la balance œstradiol / testostérone
Physiopathologie
Physiologie testiculaire
- 3 types de cellules : Germinales (produisent les spermatozoïdes) / Leydig (produisent la testostérone) / Sertoli (cellules soutien)
- Sécrétion de testostérone : GnRH › entraîne la sécrétion de FSH + LH › la LH stimule les cellules de Leydig pour la testostérone / la FSH stimule les cellules de Sertoli pour favoriser la folliculogénèse et la synthèse d'inhibine
- Les testicules produisent 95% de testostérone, 15% de l'œstradiol, 5% de l'œstrone
- La testostérone est transportée dans le sang par la TeBG (testerone binding globulin) / elle est convertie en œstrogènes par l'aromatase (enzyme située au niveau du tissu adipeux surtout) = constitue 80% des œstrogènes produits / les œstrogènes sont éliminés par foie & rein
- Rétrocontrôles : l'inhibine inhibe la synthèse de FSH / la testostérone inhibe synthèse de LH / les œstrogènes inhibent LH
action testostérone diminuée par : défaut de synthèse, défaut de fraction libre (si TeBG augmentée), défaut d'action
Action des œstrogènes augmentée par hypersécrétion, aromatisation augmentée ou clairance insuffisante
Physiopathologie des gynécomasties
- Même potentialité de développement de la glande mammaire chez l'homme et la femme mais absente chez l'homme car trop faibles quantités d'œstradiol + effet antagoniste de la testostérone
- Œstrogènes : action trophique sur le tissu mammaire (induit la prolifération du stroma & des canaux galactrophores)
- Testostérone + DHT (après 5α-réductase) inhibent cette action trophique
- Intérêt du rapport testostérone libre / œstradiol libre ++ qui va conditionner l'apparition de la gynécomastie / tous les 2 transportés par TeBG (= SHBG) ayant une affinité pour testostérone supérieure à celle pour l'œstradiol (donc la hausse de TeBG diminue la fraction libre de testostérone libre de façon très supérieure à la baisse de fraction de l'œstradiol libre)
- donc la gynécomastie est liée à la baisse d'action de la testostérone et/ou à l'augmentation d'action des œstrogènes
5 mécanismes de gynécomastie
- Diminution de production de testostérone : hypogonadisme (central ou périphérique)
- Diminution de la fraction libre de testostérone par augmentation de TeBG : hyperthyroïdie, insuffisance hépatocellulaire, insuffisance rénale
- Augmentation de la production d'œstrogènes : tumeurs testiculaires (à cellules de Leydig ++) ou surrénaliennes (corticosurrénalome)
- Augmentation d'aromatisation des androgènes en oestro : déficit androgénique lié à l'âge, obésité, insuffisance hépatocellulaire (voire hyper-expression familiale du gène de l'aromatose : très rare)
- Diminution de la sensibilité des récepteurs aux androgènes : insensibilité partielle (très rare) / traitements anti-androgènes…
- + cas des excès conjoints de testostérone + œstrogènes (tumeur à HCG : augmentation des œstrogènes supérieure à l'augmentation de testostérone / prise d'androgènes aromatisables de type dopage)
Remarque: toujours rechercher une ostéoporose si insuffisance gonadique/ insuffisance gonadotrope
Diagnostic
Examen clinique
Interrogatoire
- Prise : médicaments / toxiques induisant une gynécomastie
- Anamnèse : antécédents personnels / insuffisance rénale chronique, insuffisance hépatocellulaire, hyperthyroïdie, anomalie des organes génitaux externes…
Examen physique
Poids, taille, indice de masse corporelle (obésité ?)
Gynécomastie
- Tuméfaction rétro-aréolaire, centrale, uni ou bilatérale / sans adénopathie satellite
- Tissu mobile, arrondi, ferme ou rugueux, centré par le mamelon
- ± hyperprolactinémie associée (galactorrhée)
- 3 stades : simple soulèvement du mamelon (1) / intermédiaire (2) / sein de femme (3)
Syndrome d'hypogonadisme
- Testicules atrophiés et mous
- Diminution des caractères sexuels secondaires : baisse de la musculature et de force musculaire, baisse de pilosité testoïde (pubienne, axillaire...)/ peau fine & ridée / gynécomastie
- Impuissance (dysfonction érectile, baisse de libido)
- Stérilité, troubles de la fertilité / ostéoporose ± fractures
Diagnostic étiologique
Palpation testiculaire (recherche tumeur) / examen ganglionnaire
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif : mammographie
- Seulement en cas de doute
- Permet d'éliminer un cancer du sein très rare (< 1%) : évocateur si gynécomastie excentrée, dure, fixée aux plans profondes et ± associée à déformation du mamelon voire à un écoulement sanglant
- Mammographie : 3 aspects possibles
- Opacité nodulaire ou triangulaire / étoilée (absence de tissu si adipomastie)
- Dendritique / Nodulaire / Sein de femme
Pour diagnostic étiologie : en 1e intention
Après élimination de causes physiologiques ou évidentes (insuffisance rénale, cirrhose, iatrogène) ou devant toute anomalie du volume testiculaire
Biologie
- Systématique : LH-FSH, hCG, testostérone totale, oestradiolémie / prolactine, TSH-T4L
- Selon orientation : HCG total et ϐ-HCG / TeBG / urée, créatinine / transaminases, GGT, phosphatases alcalines, bilirubine, TP, facteur V, coefficient de saturation de la transferrine (recherche hépatopathie, hémochromatose)
Imagerie
Echographie testiculaire / radiographie de thorax
Selon cette première orientation
- Hypogonadisme primaire : caryotype
- Insuffisance gonadotrope : prolactine / coefficient de saturation de la transferrine / bilan hypophysaire
- Hausse de la TeBG : bilan d'hyperthyroïdie / insuffisance hépatocellulaire / insuffisance rénale chronique
- Hausse d'œstrogènes : imagerie des surrénales / exploration testiculaire
- Excès de testostérone + œstrogènes : imagerie thoraco-abdominale
Diagnostics différentiels
Adipomastie
- Excentrée vers le grand pectoral, bilatérale / insensible, molle à la palpation
- Pas de caractéristique radiologique de mammographie / contexte d'obésité
Tumeurs du sein (fibrome, carcinome mammaire)
- Urgence diagnostique : douleur, écoulement sanglant, adénopathie satellite
- Diagnostic par mammographie / échographie
évolution
4 stades histologiques de développement
Hyperplasie canalaire épithéliale › prolifération, allongement des canaux glandulaires › accroissement du tissu conjonctif péri-canaliculaire › prolifération des fibroblastes et cellules inflammatoires du stroma
Stade final
Fibrose hyaline du stroma interlobulaire (empêche une régression spontanée ou sous traitement médical)
Orientation étiologique
Gynécomasties physiologiques
Néo-natale :
Quasi-constante (60-90% des nouveau-né), due aux œstrogènes maternels, régresse en 2-4 semaines
Pubertaire (70%)
- Surtout vers 13-14 ans (parfois dès 10 ans), diminue avec l'âge (30-70% des garçons entre 10 et 17 ans) pouvant durer jusqu'à 18-20 ans
- Liée à l'augmentation de la production d'androgènes aboutissant à un taux transitoirement élevé d'œstrogènes par aromatisation
- Palpation testiculaire indispensable (recherche d'une atrophie ou de tumeur)
- Si persiste après l'âge de 20 ans : explorer à la recherche d'une pathologie
Sujet âgé
- Association déficit androgénique lié à l'âge + augmentation de la masse grasse (car augmente l'aromatisation de la testostérone)
- Fréquente après 65 ans (retrouvée chez près de 50% des hommes sur autopsies)
- Exploration toujours nécessaire chez ces patients malgré la fréquence de gynécomastie sénile et même en cas de palpation testiculaire normale
étiologies générales "évidentes"
- Insuffisance rénale chronique : Gynécomastie multifactorielle (hausse de la TeBG, hypogonadisme sur hyperprolactinémie si sévère..)
- Cirrhose : jusqu'à 8% des étiologies de gynécomastie
- Médicaments : à l'origine de 10-25% des gynécomasties
- Fréquente en cas de cirrhose (jusque 40%) / souvent associé à un hypogonadisme clinique
- Mécanismes : baisse de la production d'androgènes / hausse de l'œstradiol libre par activation de la synthèse hépatique de TeBG / ± toxicité de l'acool
- Le syndrome de renutrition peut être également être à l'origine de gynécomastie : avec un mécanisme proche de la cirrhose
- Mécanisme variable : prise d'hormones / produits bloquant la sécrétion d'androgènes / empêchant leur action…
- Médicaments en cause :
- Hormones et anti-hormones : œstrogènes / androgènes et anabolisants / gonadtrophines chorioniques (Acétate de cyprotérone..) / agonistes GnRH (nilutamide, leupropreline..) / inhibiteur de la 5α-réductase (finastéride) / spironolactone (inhibiteur du récepteur de l'aldostérone & des androgènes)
- Psychoactifs : neuroleptique (risperidone, halopéridol, amisulpride › effet sur la prolactine) / phénothiazines (chlorpromazine) / tricycliques (amitriptyline, imipramine)
- Chimiothérapie anticancéreuse : par les agents alkylants
- Antibiotiques, antirétroviraux : isoniazide / kétoconazole / antirétroviraux (didanosine, efavirenz, indinavir, nevirapin)
- Antiulcéreux et antiacides : cimétidine, oméprazole, ranitidine
- Médicaments liés à une gynécomastie avec un niveau de preuve faible : digoxine / amiodarone / captopril / enalapril / α-méthyldopa / nifédipine, nicardipine
- Toxiques (faible preuve) : alcool, cannabis, héroïne, amphétamines
étiologies endocriniennes
Hyperthyroïdie
Mécanisme : stimulation de la synthèse de TeBG hépatique par T3-T4
Insuffisance testiculaire = hypogonadisme hypergonadotrope
8% des gynécomasties
Clinique :
- Syndrome d'hypogonadisme (mais parfois absent)
- Testicules atrophiés et mous / diminution des caractères sexuels secondaires : baisse de musculature et de force musculaire, baisse de la pilosité testoïde (pubienne..)/ peau fine & ridée / gynécomastie
- Impuissance (dysfonction érectile, baisse de libido)
- Stérilité, troubles de la fertilité / ostéoporose
- Parfois gynécomastie est le 1e signe d'un hypogonadisme sans autres troubles sexuels ni baisse de testostérone (doser LH-FSH)
Biologie :
Testostérone effondrée + FSH-LH élevées
Etiologies
- Syndrome de Klinefelter : 40% de gynécomastie chez les Klinefelter
- Syndrome de Delachapelle (homme XX)
- Chirurgie ou torsion bilatérale / orchite / déficit androgénique lié à l'âge
- Chimiothérapie anti-tumorale ou irradiation…
- Médicaments anti-androgène (Androcur, spironolactone)
- Aneuploïdie : 47, XXY / quasi-normal jusqu'à la puberté
- A la puberté : hypogonadisme / grande taille, aspect "eunuchoïde"
- Diagnostic par caryotype
- Spermogramme : azoospermie sécrétoire
- Translocation du gène SRY du chromosome Y vers le chromosome X / incidence : touche 1 homme sur 20000
- Anomalies des organes génitaux externes à la naissance (hypospadias, cryptorchidie)
- Syndrome clinique d'hypogonadisme/ réaliser un caryotype
- Biopsie testiculaire : absence de cellules germinales, hyperplasie des cellules de Leydig
- Spermogramme : azoospermie sécrétoire
Insuffisance gonadotrope = hypogonadisme hypogonadotrope
- Clinique : syndrome d'hypogonadisme (cf. supra)
- Biologie : testostérone effondrée + FSH-LH inadaptées (normale ou basse)
- Imagerie : IRM hypophysaire (et dosage de prolactine ++)
- Etiologies
- Hémochromatose / anorexie mentale / hyperprolactinémie
- Adénome de l'hypophyse non fonctionnel / tumeur hypothalamique
- Syndrome de Cushing / syndrome de Kallman de Morsier
- Insuffisance antéhypophysaire globale / analogues de GnRH (Enantone)
Tumeur sécrétant des oestrogènes
- Biologie : œstrogènes augmentés (> 40 pg/mL) / testostérone normale ou basse (la LH ne stimule plus Leydig du fait du rétrocontrôle par les œstrogènes)
- Evoquer une tumeur testiculaire (leydigome) ++ ou surrénalienne (très rare)
- Echographie testiculaire : examen de 1e intention / visualise parfois des tumeurs non palpables (pourrait être un examen de 1e intention avec œstradiol car excellente sensibilité)
- Si échographie normale, faire une TDM abdominale pour recherche d'une tumeur surrénalienne
Tumeur sécrétant des hCG
- Biologie : augmentation des hCG / si élevé : faire une échographie testiculaire pour recherche de tumeur maligne germinale (choriocarcinome) et TDM cérébrale (recherche un germinome hypothalamique : diabète insipide souvent associé)
- Tumeur pouvant toucher les bronches, le foie… avec sécrétion ectopique d'hCG / TDM systématique pour faire le bilan d'extension
- Traitement : chimiothérapie 1e (avec conservation de sperme) le + souvent
Exceptionnel : résistance aux androgènes
- Anomalie souvent partielle du récepteur aux androgènes : pas d'action périphérique
- Anomalies familiales / marquées par un degré variable d'hypoandrisme (signes de virilisation peu marqués ± ambigüité sexuelle)
- Biologie : testostérone paradoxalement augmentée / LH augmentée
Gynécomastie idiopathique
- 25% des cas / disparition spontanée ou persistance (exérèse chirurgicale)
- Suivi prolongé ultérieur indispensable pour recherche d'une tumeur hormono-sécrétante occulte
Prise en charge
Réaliser un traitement étiologique
Gynécomastie pubertaire
- Aucun habituellement / réassurance de l'adolescent et des parents
- Traitement chirurgical possible si gêne et persistance après 18 ans (exérèse du tissu glandulaire, avec minime cicatrice alvéolaire)
Gynécomastie idiopathique de l'adulte
- Traitement hormonal rapide (pendant la phase active proliférative de la gynécomastie) / après 12 mois transformation en tissu fibreux avec peu de réponse au traitement
- Si absence d'amélioration après 3 mois : chirurgie plastique à proposer ++
- Traitement chirurgical d'emblée si persistance d'une gynécomastie secondaire après traitement étiologique (stade fibreux)
- Modalités : androgènes non aromatisables (dihydrotestostérone (Andractim®) pendant 3 mois, en voie percutanée sur la gynécomastie)
- Réduit la gêne mammaire en 1-2 semaines / permet de diminuer la gynécomastie (75% des cas) voire sa disparition (25% des cas)
– Diagnostiquer une gynécomastie
Généralités
Définition
- C'est une hyperplasie du tissu glandulaire mammaire, fréquente, uni ou bilatérale
- Traduit un déséquilibre de la balance œstradiol / testostérone
Physiopathologie
Physiologie testiculaire
- 3 types de cellules : Germinales (produisent les spermatozoïdes) / Leydig (produisent la testostérone) / Sertoli (cellules soutien)
- Sécrétion de testostérone : GnRH › entraîne la sécrétion de FSH + LH › la LH stimule les cellules de Leydig pour la testostérone / la FSH stimule les cellules de Sertoli pour favoriser la folliculogénèse et la synthèse d'inhibine
- Les testicules produisent 95% de testostérone, 15% de l'œstradiol, 5% de l'œstrone
- La testostérone est transportée dans le sang par la TeBG (testerone binding globulin) / elle est convertie en œstrogènes par l'aromatase (enzyme située au niveau du tissu adipeux surtout) = constitue 80% des œstrogènes produits / les œstrogènes sont éliminés par foie & rein
- Rétrocontrôles : l'inhibine inhibe la synthèse de FSH / la testostérone inhibe synthèse de LH / les œstrogènes inhibent LH
action testostérone diminuée par : défaut de synthèse, défaut de fraction libre (si TeBG augmentée), défaut d'action
Action des œstrogènes augmentée par hypersécrétion, aromatisation augmentée ou clairance insuffisante
Physiopathologie des gynécomasties
- Même potentialité de développement de la glande mammaire chez l'homme et la femme mais absente chez l'homme car trop faibles quantités d'œstradiol + effet antagoniste de la testostérone
- Œstrogènes : action trophique sur le tissu mammaire (induit la prolifération du stroma & des canaux galactrophores)
- Testostérone + DHT (après 5α-réductase) inhibent cette action trophique
- Intérêt du rapport testostérone libre / œstradiol libre ++ qui va conditionner l'apparition de la gynécomastie / tous les 2 transportés par TeBG (= SHBG) ayant une affinité pour testostérone supérieure à celle pour l'œstradiol (donc la hausse de TeBG diminue la fraction libre de testostérone libre de façon très supérieure à la baisse de fraction de l'œstradiol libre)
- donc la gynécomastie est liée à la baisse d'action de la testostérone et/ou à l'augmentation d'action des œstrogènes
5 mécanismes de gynécomastie
- Diminution de production de testostérone : hypogonadisme (central ou périphérique)
- Diminution de la fraction libre de testostérone par augmentation de TeBG : hyperthyroïdie, insuffisance hépatocellulaire, insuffisance rénale
- Augmentation de la production d'œstrogènes : tumeurs testiculaires (à cellules de Leydig ++) ou surrénaliennes (corticosurrénalome)
- Augmentation d'aromatisation des androgènes en oestro : déficit androgénique lié à l'âge, obésité, insuffisance hépatocellulaire (voire hyper-expression familiale du gène de l'aromatose : très rare)
- Diminution de la sensibilité des récepteurs aux androgènes : insensibilité partielle (très rare) / traitements anti-androgènes…
- + cas des excès conjoints de testostérone + œstrogènes (tumeur à HCG : augmentation des œstrogènes supérieure à l'augmentation de testostérone / prise d'androgènes aromatisables de type dopage)
Remarque: toujours rechercher une ostéoporose si insuffisance gonadique/ insuffisance gonadotrope
Diagnostic
Examen clinique
Interrogatoire
- Prise : médicaments / toxiques induisant une gynécomastie
- Anamnèse : antécédents personnels / insuffisance rénale chronique, insuffisance hépatocellulaire, hyperthyroïdie, anomalie des organes génitaux externes…
Examen physique
Poids, taille, indice de masse corporelle (obésité ?)
Gynécomastie
- Tuméfaction rétro-aréolaire, centrale, uni ou bilatérale / sans adénopathie satellite
- Tissu mobile, arrondi, ferme ou rugueux, centré par le mamelon
- ± hyperprolactinémie associée (galactorrhée)
- 3 stades : simple soulèvement du mamelon (1) / intermédiaire (2) / sein de femme (3)
Syndrome d'hypogonadisme
- Testicules atrophiés et mous
- Diminution des caractères sexuels secondaires : baisse de la musculature et de force musculaire, baisse de pilosité testoïde (pubienne, axillaire...)/ peau fine & ridée / gynécomastie
- Impuissance (dysfonction érectile, baisse de libido)
- Stérilité, troubles de la fertilité / ostéoporose ± fractures
Diagnostic étiologique
Palpation testiculaire (recherche tumeur) / examen ganglionnaire
Examens complémentaires
Pour diagnostic positif : mammographie
- Seulement en cas de doute
- Permet d'éliminer un cancer du sein très rare (< 1%) : évocateur si gynécomastie excentrée, dure, fixée aux plans profondes et ± associée à déformation du mamelon voire à un écoulement sanglant
- Mammographie : 3 aspects possibles
- Opacité nodulaire ou triangulaire / étoilée (absence de tissu si adipomastie)
- Dendritique / Nodulaire / Sein de femme
Pour diagnostic étiologie : en 1e intention
Après élimination de causes physiologiques ou évidentes (insuffisance rénale, cirrhose, iatrogène) ou devant toute anomalie du volume testiculaire
Biologie
- Systématique : LH-FSH, hCG, testostérone totale, oestradiolémie / prolactine, TSH-T4L
- Selon orientation : HCG total et ϐ-HCG / TeBG / urée, créatinine / transaminases, GGT, phosphatases alcalines, bilirubine, TP, facteur V, coefficient de saturation de la transferrine (recherche hépatopathie, hémochromatose)
Imagerie
Echographie testiculaire / radiographie de thorax
Selon cette première orientation
- Hypogonadisme primaire : caryotype
- Insuffisance gonadotrope : prolactine / coefficient de saturation de la transferrine / bilan hypophysaire
- Hausse de la TeBG : bilan d'hyperthyroïdie / insuffisance hépatocellulaire / insuffisance rénale chronique
- Hausse d'œstrogènes : imagerie des surrénales / exploration testiculaire
- Excès de testostérone + œstrogènes : imagerie thoraco-abdominale
Diagnostics différentiels
Adipomastie
- Excentrée vers le grand pectoral, bilatérale / insensible, molle à la palpation
- Pas de caractéristique radiologique de mammographie / contexte d'obésité
Tumeurs du sein (fibrome, carcinome mammaire)
- Urgence diagnostique : douleur, écoulement sanglant, adénopathie satellite
- Diagnostic par mammographie / échographie
évolution
4 stades histologiques de développement
Hyperplasie canalaire épithéliale › prolifération, allongement des canaux glandulaires › accroissement du tissu conjonctif péri-canaliculaire › prolifération des fibroblastes et cellules inflammatoires du stroma
Stade final
Fibrose hyaline du stroma interlobulaire (empêche une régression spontanée ou sous traitement médical)
Orientation étiologique
Gynécomasties physiologiques
Néo-natale :
Quasi-constante (60-90% des nouveau-né), due aux œstrogènes maternels, régresse en 2-4 semaines
Pubertaire (70%)
- Surtout vers 13-14 ans (parfois dès 10 ans), diminue avec l'âge (30-70% des garçons entre 10 et 17 ans) pouvant durer jusqu'à 18-20 ans
- Liée à l'augmentation de la production d'androgènes aboutissant à un taux transitoirement élevé d'œstrogènes par aromatisation
- Palpation testiculaire indispensable (recherche d'une atrophie ou de tumeur)
- Si persiste après l'âge de 20 ans : explorer à la recherche d'une pathologie
Sujet âgé
- Association déficit androgénique lié à l'âge + augmentation de la masse grasse (car augmente l'aromatisation de la testostérone)
- Fréquente après 65 ans (retrouvée chez près de 50% des hommes sur autopsies)
- Exploration toujours nécessaire chez ces patients malgré la fréquence de gynécomastie sénile et même en cas de palpation testiculaire normale
étiologies générales "évidentes"
- Insuffisance rénale chronique : Gynécomastie multifactorielle (hausse de la TeBG, hypogonadisme sur hyperprolactinémie si sévère..)
- Cirrhose : jusqu'à 8% des étiologies de gynécomastie
- Médicaments : à l'origine de 10-25% des gynécomasties
- Fréquente en cas de cirrhose (jusque 40%) / souvent associé à un hypogonadisme clinique
- Mécanismes : baisse de la production d'androgènes / hausse de l'œstradiol libre par activation de la synthèse hépatique de TeBG / ± toxicité de l'acool
- Le syndrome de renutrition peut être également être à l'origine de gynécomastie : avec un mécanisme proche de la cirrhose
- Mécanisme variable : prise d'hormones / produits bloquant la sécrétion d'androgènes / empêchant leur action…
- Médicaments en cause :
- Hormones et anti-hormones : œstrogènes / androgènes et anabolisants / gonadtrophines chorioniques (Acétate de cyprotérone..) / agonistes GnRH (nilutamide, leupropreline..) / inhibiteur de la 5α-réductase (finastéride) / spironolactone (inhibiteur du récepteur de l'aldostérone & des androgènes)
- Psychoactifs : neuroleptique (risperidone, halopéridol, amisulpride › effet sur la prolactine) / phénothiazines (chlorpromazine) / tricycliques (amitriptyline, imipramine)
- Chimiothérapie anticancéreuse : par les agents alkylants
- Antibiotiques, antirétroviraux : isoniazide / kétoconazole / antirétroviraux (didanosine, efavirenz, indinavir, nevirapin)
- Antiulcéreux et antiacides : cimétidine, oméprazole, ranitidine
- Médicaments liés à une gynécomastie avec un niveau de preuve faible : digoxine / amiodarone / captopril / enalapril / α-méthyldopa / nifédipine, nicardipine
- Toxiques (faible preuve) : alcool, cannabis, héroïne, amphétamines
étiologies endocriniennes
Hyperthyroïdie
Mécanisme : stimulation de la synthèse de TeBG hépatique par T3-T4
Insuffisance testiculaire = hypogonadisme hypergonadotrope
8% des gynécomasties
Clinique :
- Syndrome d'hypogonadisme (mais parfois absent)
- Testicules atrophiés et mous / diminution des caractères sexuels secondaires : baisse de musculature et de force musculaire, baisse de la pilosité testoïde (pubienne..)/ peau fine & ridée / gynécomastie
- Impuissance (dysfonction érectile, baisse de libido)
- Stérilité, troubles de la fertilité / ostéoporose
- Parfois gynécomastie est le 1e signe d'un hypogonadisme sans autres troubles sexuels ni baisse de testostérone (doser LH-FSH)
Biologie :
Testostérone effondrée + FSH-LH élevées
Etiologies
- Syndrome de Klinefelter : 40% de gynécomastie chez les Klinefelter
- Syndrome de Delachapelle (homme XX)
- Chirurgie ou torsion bilatérale / orchite / déficit androgénique lié à l'âge
- Chimiothérapie anti-tumorale ou irradiation…
- Médicaments anti-androgène (Androcur, spironolactone)
- Aneuploïdie : 47, XXY / quasi-normal jusqu'à la puberté
- A la puberté : hypogonadisme / grande taille, aspect "eunuchoïde"
- Diagnostic par caryotype
- Spermogramme : azoospermie sécrétoire
- Translocation du gène SRY du chromosome Y vers le chromosome X / incidence : touche 1 homme sur 20000
- Anomalies des organes génitaux externes à la naissance (hypospadias, cryptorchidie)
- Syndrome clinique d'hypogonadisme/ réaliser un caryotype
- Biopsie testiculaire : absence de cellules germinales, hyperplasie des cellules de Leydig
- Spermogramme : azoospermie sécrétoire
Insuffisance gonadotrope = hypogonadisme hypogonadotrope
- Clinique : syndrome d'hypogonadisme (cf. supra)
- Biologie : testostérone effondrée + FSH-LH inadaptées (normale ou basse)
- Imagerie : IRM hypophysaire (et dosage de prolactine ++)
- Etiologies
- Hémochromatose / anorexie mentale / hyperprolactinémie
- Adénome de l'hypophyse non fonctionnel / tumeur hypothalamique
- Syndrome de Cushing / syndrome de Kallman de Morsier
- Insuffisance antéhypophysaire globale / analogues de GnRH (Enantone)
Tumeur sécrétant des oestrogènes
- Biologie : œstrogènes augmentés (> 40 pg/mL) / testostérone normale ou basse (la LH ne stimule plus Leydig du fait du rétrocontrôle par les œstrogènes)
- Evoquer une tumeur testiculaire (leydigome) ++ ou surrénalienne (très rare)
- Echographie testiculaire : examen de 1e intention / visualise parfois des tumeurs non palpables (pourrait être un examen de 1e intention avec œstradiol car excellente sensibilité)
- Si échographie normale, faire une TDM abdominale pour recherche d'une tumeur surrénalienne
Tumeur sécrétant des hCG
- Biologie : augmentation des hCG / si élevé : faire une échographie testiculaire pour recherche de tumeur maligne germinale (choriocarcinome) et TDM cérébrale (recherche un germinome hypothalamique : diabète insipide souvent associé)
- Tumeur pouvant toucher les bronches, le foie… avec sécrétion ectopique d'hCG / TDM systématique pour faire le bilan d'extension
- Traitement : chimiothérapie 1e (avec conservation de sperme) le + souvent
Exceptionnel : résistance aux androgènes
- Anomalie souvent partielle du récepteur aux androgènes : pas d'action périphérique
- Anomalies familiales / marquées par un degré variable d'hypoandrisme (signes de virilisation peu marqués ± ambigüité sexuelle)
- Biologie : testostérone paradoxalement augmentée / LH augmentée
Gynécomastie idiopathique
- 25% des cas / disparition spontanée ou persistance (exérèse chirurgicale)
- Suivi prolongé ultérieur indispensable pour recherche d'une tumeur hormono-sécrétante occulte
Prise en charge
Réaliser un traitement étiologique
Gynécomastie pubertaire
- Aucun habituellement / réassurance de l'adolescent et des parents
- Traitement chirurgical possible si gêne et persistance après 18 ans (exérèse du tissu glandulaire, avec minime cicatrice alvéolaire)
Gynécomastie idiopathique de l'adulte
- Traitement hormonal rapide (pendant la phase active proliférative de la gynécomastie) / après 12 mois transformation en tissu fibreux avec peu de réponse au traitement
- Si absence d'amélioration après 3 mois : chirurgie plastique à proposer ++
- Traitement chirurgical d'emblée si persistance d'une gynécomastie secondaire après traitement étiologique (stade fibreux)
- Modalités : androgènes non aromatisables (dihydrotestostérone (Andractim®) pendant 3 mois, en voie percutanée sur la gynécomastie)
- Réduit la gêne mammaire en 1-2 semaines / permet de diminuer la gynécomastie (75% des cas) voire sa disparition (25% des cas)